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The Grotto
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6 février 2007

"Nothing"

Je viens de donner à manger au chat. Je peux me replonger dans mon film. Parfois, je me dis que je pourrais faire un bon personnage. Et je dis pas ça seulement à cause de la neige, de cette exquise tombée de neige qui jaillit des cieux, et retombe tout droit sur mon visage ahuri de joie. Je dis pas ça seulement à cause de la lumière rougeâtre des lampadaires. Et de la musique dans mes écouteurs. Je dis pas ça seulement à cause de mon sourire surréaliste, et de la réponse que je reçois, ce cadeau déposé sur les lèvres des passants qui me croisent. Je dis pas ça seulement à cause de la musique, that suits heavenly. Je dis pas ça à cause du genre de conversations fictives que je me fais dans ma movie room, à la Do you Smoke ?

Et la réponse : On  Mondays.

J'étais chez Club, là, ce matin. Et y a deux livres qui ont capté mon attention. A tel point que je me suis arrêtée pour les soulever, les retourner, et en lire le résumé. Pas au point que je les achète, faut pas pousser non plus. J'achète pas des choses seulement parce qu'il y a des chevelures sur la couverture, bien qu'ils portent des titres alléchants comme Mes Mauvaises Pensée et ... je serais encore capable de me promener chez Club pour aller retrouver le titre de l'autre livre, qui m'échappe, vraiment.  Quelque chose avec "laid" dedans.

Bref, après ça, j'ai été à la machine pour prendre les barres chocolatées, et il y a cette Martina qui m'a interpelée. Cette fille erasmus d'Islande, j'ai son numéro dans mon portable d'ailleurs. C'était drôle. J'étais drôlement sympa avec elle, elle était drôlement reconnaissante. J'aime les situations pareilles. Elle était charmante. J'espère que je le ferai vraiment - je t'appellerai. On ira boire un verre. J'aime pas parler hypocrithement. Et puis, ça m'a fait plaisir de lui montrer ou on pouvait acheter des cahiers Atoma, ça m'a fait plaisir de la conduire jusqu'aux escaliers du bâtiment UB. Je suis quand même quelqu'un de bien.

J'aime pas imaginer que je suis quelqu'un de charitable - même si je le suis. Charity can go to hell. J'essaie juste d'être sympa. Et puis, j'aime bien. J'aime bien, les trajets jusqu'à Simonis, quand il y a des dames âgées à côté de moi, qui ont l'air vachement gênées parce que je mets ma musique 10 fois trop fort. J'aimerais leur dire "Je suis désolée. Mais vous n'imaginez pas à quel point cette musique est divine. Bien sûr, vous ne percevez que des bribes déformées de bruit, mais bon, je vous le dis, ce que j'écoute est divin. " Et puis, je perds ma patience virtuelle, et j'ai envie de leur dire "Vous avez qu'à changer de place si ça vous dérange". Merde, à la fin. Et puis, là, je me rends compte que ça n'a rien à voir, que la dame, elle bouge juste la tête parce que c'est un tic ou un toc ou qu'elle a la tremblotte, comme moi parfois d'ailleurs, parce qu'elle est une autre réincarnation de Virginia Woolf. La version campagnarde de Virginia Woolf. En fait, cette femme, c'est une campagnarde ratée. Elle a tout de la sérénité campagnarde, mais elle est vêtue en citadine avec le béret et tout.

Et là, j'arrive sur la place de mon travail, et il y a la dame tout droit issue des comtes de fée qui me dit que je suis jolie aujourd'hui, et je la crois, même si j'ai un air perplexe quand je la remercie du compliment. Je la trouve belle aussi, mais je ne lui dis pas. Parce qu'elle est issue d'un conte de fée, et que ce genre de personnages échappent à la beauté matérielle. Bien qu'elle le soit. Enfin, soit.

Puis, je vois la femme de laquelle je tombe amoureuse sur le champs. Elle me ressemble un peu -dans son look-, peut-être que c'est à cause de ça. Je dis pas que je suis amoureuse de moi-même, mais son style me fascine terriblement. Elle est beaucoup plus mince que moi, elle a les cheveux longs, relevés en arrière, arrangés avec nonchalance mais coiffés de telle manière qu'elle paraît délicieusement sophistiquée. Elle a l'air très humble, et pleine d'amour & de... bonté. Elle me touche, profondément. J'ai envie de la connaître. J'ai envie de l'inviter pour boire un verre. J'ai envie de lui dire qu'elle est belle, et qu'elle mérite tout le bonheur du monde, parce qu'elle doit avoir un coeur d'or. C'est dingue parce que je la connais même pas, la femme. Evidemment, je lui dis rien, je me contente de sourire comme une conne et de proposer mon aide toute les cinq secondes ("je peux vous aider ?" et ça m'exaspère presque qu'elle ne me regarde pas droit dans les yeux, en me disant "oui", ou "non", peu importe, mais qu'on s'échange un regard plein de cet amour sous une autre forme. Je veux dire. Elle a un coeur d'or. Moi aussi, probablement. Nous sommes deux coeurs d'or. Alors, autant qu'on se le dise par les yeux, quoi. Qu'on se dise qu'on se soit reconnues. Mais non, non, non. Elle elle est juste occupée à ramasser le papier par terre, et moi, je l'imite, comme une conne. Je lui dis un aurevoir plein de passion, et je crains ne plus jamais la revoir, parce qu'elle vient de s'excuser... elle ne savait pas qu'elle devait arrêter ses activités AVANT que moi je vienne occuper la sale. Saloperies d'incompatibilité temporelles. Je ne reverrai plus cet ange vivant.

Bref, là, je m'occuppe de cette fille... J'ai oublié comment je devais la renomer. Violet, voilà. Ben Violet. La fille qui a une trousse en forme de pingouin et qui dit qu'elle sait pas écrire. Elle le dit avec malice, et je me fatigue à la contredire, avec un air amusé. Je l'aime bien, cette petite fille. Il y a une certaine complicité qui vient se glisser dans les explications que je lui fais ("tu vois, le a et le i, ça fait le son ê, je te l'ai déjà dit...). Et puis elle me dit qu'elle sait pas lire, et qu'elle n'a pas d'amis, mais ça n'a pas l'air de la déranger plus que ça. Et moi non plus, ça ne me dérange pas. Je lui demande si elle aime bien son pingouin. Je lui demande si elle connait Pingu. Je lui explique que Pingu, c'est aussi un pingouin, et qu'il fait un drôle de bruits avec sa bouche. Je lui parle. Elle m'intrigue. Elle a un courage enfantin qui me déconcerte. Elle a les cheveux très courts, je me demande à quoi ressemble sa mère. Je me demande si c'est sa mère qui lui coupe les cheveux. Parce que moi, quand j'étais petite, je voulais des longs cheveux comme les princesses, mais elle, elle a pas l'air de se faire tellement de soucis à propos des princesses. Puis, là, alors que je lui raconte cette histoire du livre sur le Respect, et qu'on est occupé avec Aglaë d'éclaircir ce mystère d'amis, sa mère vient la chercher. J'ai un choc, parce que sa mère, elle me fait penser à Dolores O'Riordan, quand elle a pas de cheveux. Ou à Sinéad O'Connor. Ca doit être à cause de mon hair-oriented spirit que ça me trouble, d'ailleurs. Parce que la fille, enfin, la mère, elle a l'air parfaitement bien. Elle a un bel air irlandais, enfin, ça c'est probablement à cause des associations que je me suis créées avec O'Connor et O'Riordan et l'Irlande, tout ça. Bref, c'est des conneries. Quoi qu'il en soit, moi, je suis là, un peu conne, je souris bêtement, je crois même que ma stupéfaction se lit dans mes yeux, parce que je ne parviens pas à agir comme Aglaë, qui elle, a le comportement rêvé ("Au revoir, Madame", avec un air enjoué absolument exquis).

Bref, là j'étais dans le tram, à taper un message au brouillon sur mon portable, le titre d'un livre. Je sais plus ce que c'était. Cosmos quelque chose. Enfin bref, c'était le titre du livre du gars assis juste face à moi. Il lui manquait une jambe, au gars. Et il lisait. Il avançait avec des béquilles, et il est sorti du tram avec ses béquilles, opérant une acrobatie des plus déchirantes. Parce qu'il a qu'une jambe, et que, putain, moi j'en ai deux, quoi. Mais au fond, on se ressemble. Il lit un livre qui s'appelle Cosmos (ou plutôt Cosmic)  quelque chose et moi j'ai ce bouquin de Gogol dans mon sac... Donc lui, et moi, on se ressemble pas physiquement, mais on se noie dans le même monde imaginaire. Lui plus que moi. Parce que je fais un blocage avec les livres, depuis un certain temps. La musique ça marche mieux.

Enfin. Tout cela est exquis.

dq

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