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The Grotto
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17 janvier 2007

Mardi, 12 décembre 06, 16 : 34

Mardi, 12 décembre 06, 16 : 34 (Aperçu)Me voilà, sans voix, sans noyau, sans moi. Je n'ai qu'une envie : m'enfoncer dans un sommeil profond et ne jamais en sortir. Ma vie chavire et vacille, c'est une vie sans squelette qui tiendrait les morceaux ensembles. Même mon écriture est déstructurée.

Tous ces beaux projets sont hors d'atteinte. Je ne me réveillerai jamais à 6 h, je pense qu'il serait temps de me résigner à ce fait. De même, je ne parviens pas à consacrer une heure par jour au monde qui m'entoure (en regardant les actualités), et je n'arrive pas à enrichir mes connaissances, puisque je ne comprends rien à rien. La question alimentaire me fait paniquer plus que tout autre chose, puisque j'enchaîne les orgies où j'absorbe des aliments absoluments mauvais pour la santé (frites, mayonnaise), et tout cela me remplit d'un profond dégoût pour moi-même, et je suis accompagnée d'une sensation physique des plus désagréables, qui ne me lâche pas.

Je ne sais réellement pas quoi faire. Il y a, devant mes yeux las, l'album Stories in the city, Stories in the Sea, avec une PJ Harvey maigre et ravissante. Je suis envieuse, alors. Je suis envieuse pour les petits corps frêles des PJ Harvey, Fiona Apple que je vois autour de moi, et je voue une haine des plus aigues à cette chose flasque et mal définie que j'habite, moi. Cette enveloppe qui me répugne...

Je pourrais me jeter sur les toilettes, mais j'ai perdu cette habitude et cela me fait peur, à vrai dire (parce que c'est "mauvais", parce qu'il y aurait, éventuellement, certaines conséquences et que je ne sais plus tellement comment m'y prendre).

22 : 32

Les sensations physiques étaient intenables. J'espère que ça m'apprendra à ne plus manger comme ça ! Mon système digestif était plein à craquer. J'en suis à un point où j'ai l'intention de terminer ma semaine en "lavage de système", c'est à dire, ne rien consommer si ce n'est du thé et de l'eau. L'idée même de nourriture me répugne. Et je sais que dès que j'approcherai un morceau jusqu'à ma bouche, je me sentirai à nouveau immonde à l'intérieur. Et à l'extérieur.

En moi, un être instable. Chaque surface sur laquelle je me pose s'écroule, inévitablement.
Pour résumer la situation, je mange mal, je dors mal, je suis à moitié folle mais ça ne se voit pas parce que je prends un tas de médicaments, je ne sais pas qui je suis, quand je parle, mes mots sont vides, et je ne crois en rien.
Le monde post-moderne. Je déteste le monde post-moderne. Je ne sais pas exactement ce que j'entends par post-moderne, mais, j'imagine un monde profondément fragmenté où les éléments se mêlent l'un à l'autre, jaillissant de source variées, dans un chaos impossible à discerner. Où se trouve la vérité ? Ou dois-je la placer, cette vérité ? Et moi, où je dois me situer ?

Les connaissances, les courants de pensée sont tellement variés. Les magazines féminins (et toute cette merde) et leur régimes bien illustrés, la télévision, les livres ésotériques, la RTBF, le Dalail Lama, le Pape Benoît XVI, Socrate, le président des Etats-Unis, Etty Hillesum (elle au moins ne prétend pas apporter la Vérité ! Elle se contente de construire son œuvre littéraire et de faire état des difficultés rencontrées sur le cheminement de sa pensée) mon père, Mr D., Dr M., V., MTV... Tous ces points de vue explosent dans l'air et forment le paysage de ce monde post-moderne, et dans tout ça, moi je suis complètement perdue.
J'aimerais être humble, modeste, cultiver des pommes de terre dans un potager, et écrire, pour laisser une trace. Simplement.
23 : 10
J'ai l'impression de n'y rien comprendre – au monde post-moderne, et aux mots que je prononce. Mon langage est une trahison. Une imposture. Je fais semblant de comprendre ce que je dis, mais tout cela est faux. Mon langage est vide, absolument vide, mes mots ne correspondent à rien.
Et le pire, dans cette situation, c'est que j'ai l'impression qu'il en est de même pour les gens qui m'entourent. Le journaliste sur la RTBF, Mr D., et tout le reste du monde, j'ai l'impression que leurs mots n'ont pas de correspondance, ont perdu leur correspondance avec leur signifié originel.
Une petite histoire intéressante à ce sujet :
J'étais dans le tram, avec P., en 2002. Nous venions de voir "Dogville" (moi j'avais également vu "Les Idiots", ce jour-là, observant ainsi un vrai programme Lars Von Trier). Je m'étais lancée dans une longue explication sur quelque chose dont je ne me rappelle pas à présent, mais j'en suis venue, au cours de cette conversation, à utiliser le mot "accadémique". Et là, l'homme qui était assis à côté de P. dans le tram – un parfait inconnu – a interrompu ma tirade et m'a demandé à moi, "Qu'est-ce que vous entendez, par 'accadémique ?". Je me suis suffisemment bien défendue en définissant mon concept ("accadémique"), et en terminant mon explication par un "vous voyez ce que je veux dire ?" absolument pompeux.

Voilà ce que je veux dire par cet exemple : j'ai utilisé un mot, et peut-être (mais ce n'était apparemment pas le cas dans cet exemple-là), que ce mot était vide, ne correspondait à rien (comme le soupçonnait l'inconnu du tram). L'inconnu du tram a compris ma problématique actuelle : les gens utilisent des mots, manipulent le langage, manipulent des notions, mais ce faisant, ils sont absolument éloignés de signifié originel.

Je n'ai confiance en rien. Je n'ai pas confience au "savoir", en la "science". J'aimerais me retirer de tout ça, et confesser ma faute Oui, je le reconnais, je ne comprends rien, les choses me dépassent, et je ne veux pas faire semblant de comprendre les choses simplement pour préserver mon statut social et gagner ma vie. Cette imposture doit prendre fin.

Je ne veux pas rejoindre un quelconque mouvement en marge de la civilisation. Je ne crois pas aux communautés. J'ai perdu l'espoir de trouver un individu auquel je pourrais me confier toute entière. Aucun être humain ne peut recevoir le message d'un autre. Il faut qu'un tas de choses concordent (les états de l'esprit, la fatigue, les humeurs, l'usage des mots, etc,etc). Je pense, au contraire, qu'on est profondément seul et qu'on n'a que soi. Et je commence à accorder moins d'importance aux "modèles", également, parce que je crois que ces modèles sont eux aussi des personnes fragmentées (comme moi), et instables (comme moi).

Je suis vraiment désemparée face à la situation. Et je pense que je baisse les bras. Je ne sais pas ce que je fais de mon corps (tous ces médicaments. Pourquoi ? Pourquoi devrais-je faire confiance....?), de mes pensées (le langage et encore le langage), et de ma vie (les études ? Si je ne crois pas à la science, pourquoi j'étudie le savoir ? Si je ne suis pas capable de manier le langage pourquoi je m'intéresse à la littérature et fais de moi-même un imposteur ?)

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