Courant sur To Bring You My Love
Impression d'être dérobée de moi-même. On me vole mon moi. Mes mots. Je les ai confié aux passants. Ils ont jeté un coup d'oeil curieux, puis les ont laissé, dans le vent, s'envoler. Je ne m'appartiens pas. Je ne m'appartiens plus. Je n'appartiens à personne. Je ne suis pas. Je ne suis plus. Juste une enveloppe - vide - qui tape sur un clavier. Une chose mal définie, vêtue d'un pull qui ne lui appartient pas non plus. Un pull d'homme, 10 fois trop grand, et des bas noirs. Le tout est incohérent. J'ai dit à Mr Pritchett que j'écoutais PJ Harvey. Fictivement. J'aime Mr Pritchett. Et Dieu, je l'aime aussi. Sinéad O'Connor ne répondra jamais à ma lettre. Et moi, j'envoie tout mon amour. Au monde. A Dieu. A celui qui veut bien le prendre.
Je suis un monstre. J'ai des cheveux. Noirs. Sur le corps. Sur tout le corps. Je suis un cheveu. Je me mange. Je commence par mon orteil. Après y a la jambe et tout ça. Et les bras. Et les dents. Je suis capillophage. Je suis un cheveu. Je me mange. Je travaille pas. Je travaille plus. S'il faut que je travaille, je travaillerai trop. Il faudrait que je travaille trop. Il faudrait que je me perde dans le travail. Il faudrait que je me perde pour la bonne cause. Il faudrait que je roule. Trop vite. Il faudrait que je vive. Que je sorte de mon frigo. Y a des cheveux dans mon frigo. Y a des cheveux partout. Dans ma poubelle. Dans ma bouche. Dans mon frigo. Dans ma tête. Sur ma tête. Il reste des cheveux sur ma tête. Beaucoup de cheveux. Trop de cheveux. Si je devenais coiffeuse, j'aurais beaucoup de travail. Et je travaillerais trop. Peut-être que je tondrais le gazon. Je sais pas. Pour pas entendre les enfants gémir et pleurnicher. J'en ai marre de leurs barbies à la con. J'en ai marre. Je travaille pas pour les hommes. Je travaille pour moi-même. Mais je ne travaille pas. Parce que je me suis perdue. Et que je ne suis plus.
Photos.... Moi & ma tignasse.
Musique : PJ Harvey - Working For The Man
Radioblogclub : PJ Harvey - Losing Ground