A puce

Tu vois, puce, tout le monde ne peut pas t'aimer. Ce n'est pas parce que des gens ne t'apprécient pas que tu dois cesser d'exister, puce. Tu dois comprendre ça. Il te l'a dit. Que ça arriverait encore, que tu sois arrêtée dans tes élans d'enthousiasme, il te l'a dit. Avec tes amis, ça arrivera tout le temps. Alors, tu vois, puce, il faut juste que tu détournes ton regard. Et que tu regardes ailleurs. C'est à cause de la sensibilité, je pense. Tu vois, les autres, ils réagissent pas. Ils voient pas, ce qui se passe. Pourtant, toi tu vois. Seulement, les liens qui relient les faits à ton amertume sont immatériels. Personne ne le voit. C'est subtile. C'est un truc, une énergie qui flotte dans l'air. Y a que toi. Pour percevoir. Ou mal interpréter, je sais pas encore. Mais vraiment, puce, faut pas. Faut pas te tracasser avec ça. Non.
Tu n'es pas stupide, puce. Arrête de dire ça. C'est juste qu'il y a certaines choses qui n'entrent pas dans ton esprit, comme l'ironie, ou la méchanceté. C'est peut-être pas plus mal. L'ironie est souvent méchante. Et c'est pas bien, ça. Alors autant garder ça en dehors. Tu comprends des autres choses, puce, et ça, c'est formidable. Tu comprends de belles choses, regarde-les, ces choses-là, et regardent les gens qui sont là plutôt que ceux qui te fuient.

Allez, puce... Sèche tes larmes. ça va aller mieux demain.