Lettre à une veuve noire sans cheveux

Coucou,

Je lis tes maux depuis le début (enfin, le tout en un soir). J'ai mal. ça me rappelle trop de choses, que j'aurais pu vivre moi... Que j'ai vécues moi. Enfin, je sais pas. C'est une toile de pensées. Tu dois être riche & belle, l'araignée. Toutes ces choses, que je perçois, ces petites chimies, ces fils de cheveux, ces non-cigarettes & un tas de chocolat méticuleusement surveillé... ça me brise l'âme. De lire. Peut-être que j'ai rien compris, je sais pas.
Bref... Je m'arrête là pour ce soir, à la phrase "Y a des trucs dans la vie, c'est comme la clope...".

Je reprendrai ma lecture au calme demain. Je vais écouter un cd (peut-être PJ Harvey, qui dit des choses comme "Love the Drug I'm Needing", et là, j'en ai terriblement besoin. L'amour sous forme de musique).

Je ne sais pas vraiment pourquoi je t'écris de mails. J'espère ne pas te troubler en le faisant, mais tes textes m'interpellent, et peut-être que ça te fera plaisir d'entendre qu'ils ont un effet d'une puissance effarante sur mon esprit, en cette nuit du 10 février...

Un mot pour toi "When I'm not with you my dreams are so very dark. When I'm not with you I dream of my hair just falling out". ça vient d'une chanson, que je vais devoir écouter cette nuit (I'm in the mood for it now). La chanson, c'est "It's You".

J'espère que tu le trouveras, ton "You". Là, un beau matin, alors que tu regarderas par la fenêtre, il sera là, le "You", dans la beauté des feuilles d'un arbre. Ou alors - ça va faire gnan gnan mais c'est vrai - enfoui dans une poche de ton âme.

Un mot pour toi. "A terrible Sensitive Mind". C'est le titre d'un essai de Virginia Woolf sur Katherine Mansfield, une écrivain néo-zélandaise.
Prends soin.

Anne E. Venit